VU À L'ÉTRANGER L'Inia vise le record du monde de rendement en blé
L'Agricultural National Research Institute (Inia) est une institution au Chili qui vient de fêter ses 50 ans et rêve de rentrer dans le Guiness du record de rendement en blé.
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Fin janvier 2015, au sud du Chili, sur une parcelle de 10 ha, lorsque le compteur GPS, en instantané, a affiché 16,2 t/ha, Claudio Jobert, responsable de l'unité de semences de l'Inia, affiche un sourire. Sourire à moitié satisfait, car il aurait bien aimé battre le record du monde néozélandais de 16,7 t/ha, dès cette année. « Nous n'en sommes plus très loin. Ce n'est que partie remise, car sur nos parcelles d'essai, trop petites pour une validation de record, nous avons collecté jusqu'à 19 t/ha. Je pense qu'en 2016, j'irai à Londres déposer le nouveau record, car je vais irriguer. » Le rendement blé moyen au Chili est de 5,8 t/ha avec des 10 t/ha dans les meilleures fermes qui utilisent depuis peu les outils d'aide à la décision.
Trois axes de progrès
L'objectif principal de l'Inia est de poursuivre l'augmentation de rendement, grâce à l'apport de nouvelle génétique. « Nous nous sommes principalement tournés vers de la génétique étrangère, française, allemande et mexicaine, en multipliant les accords de partenariat, puis en versant des royalties. Il faut que nous puissions sortir une nouvelle variété de blé, tous les deux ans. » Le second axe de progrès est de trouver des variétés capables de faire face aux multiples problèmes de résistances qui sont apparues, dans la zone de Temuco, où l'on fait du blé sur blé depuis de nombreuses années. « C'est un challenge important sur lequel nous avons considérablement progressé sur les deux dernières années. » Le dernier axe est un travail sur la protéine. Le Chili ne produit que 50 % de ses besoins et 90 % de ses blés partent directement en meunerie où l'on retrouve une boulangerie un peu comparable à la nôtre. « Il faut pouvoir garder ces productions de qualité sur le long terme, c'est une question stratégique pour les paysans de ce pays », insiste Claudio. Les Chiliens sont à la recherche de performance. « Nous avons ouvert nos portes aux principaux semenciers d'Europe, reconnaît Claudio. Nous leur achetons des variétés que nous adaptons à notre région, comme la variété Pionero du français Saaten-Union, qui affiche des records. »
En plus de ces relations d'entreprise à entreprise, l'Inia a créé, avec des Japonais, une banque de gènes parmi les plus importantes en Amérique du Sud, à Vicunao. « Nous y gardons précieusement, dans un bunker réfrigéré, 15 500 variétés de nombreuses cultures, annonce fièrement Claudio. Le blé est la principale. »
Climat et terroir hors pair
Par ses qualités climatiques et de terroir, le Chili n'attire pas que les Européens pour produire à contre-saison. « Notre gouvernement refuse la vente d'OGM mais, par contre, il ne s'oppose pas à leur culture sur notre territoire », précise Claudio. Les firmes américaines s'en donnent à coeur joie. « Nous avons d'excellentes relations avec le Chili où nous travaillons avec l'Inia et quelques grands producteurs locaux sous la forme d'apport de génétique, confirme Guillaume de Castelbajac, directeur général de Saaten-Union France. En revanche, il devient de plus en plus difficile de venir multiplier des variétés dans ce pays, tant il est "pollué" par les Américains et leur volonté de s'en servir comme base de production pour leur semences OGM. » Même son de cloche chez d'autres sélectionneurs français ou européens qui préfèrent travailler dans les pays voisins comme l'Argentine.
Christophe Dequidt
Claudio Jobert, responsable de l'unité de semences de l'Inia, présente la variété Pionero qui a fait 16,2 t/ha en instantané.
« Je pense qu'en 2016, j'irai à Londres déposer le nouveau record. »
C. DEQUIDT
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